Nous sommes des acteurs importants de la préservation de l’Âne des Pyrénées, race locale menacée de disparition. Avec une douzaine d’ânons chaque année, nous représentons presque 20% des naissances de la race (68 seulement en 2018). Mais il ne suffit pas de faire naître, il faut ensuite trouver un devenir à ces magnifiques animaux. Pour nous, pas question de les envoyer à l’abattoir. Il faut alors leur trouver une place, un rôle à jouer dans notre société.

Les petites femelles, dont les mamans sont de bonnes laitières, restent au Hitton. Les autres ânons quittent la ferme à l’âge de 10 mois. Certains deviennent des animaux de compagnie, chez des particuliers amoureux des ânes, disposant de suffisamment de place (idéalement 1 hectare par âne).

Mais la plupart partent « en formation » dans les Pyrénées chez Pierre-Yves et Guillaume POSE, plusieurs fois titrés dans les championnats nationaux d’utilisation, riches d’années d’expérience dans l’éducation des ânes.

On sait que le meilleur moyen de réussir ce travail de préservation de race est de redonner à l’âne sa place dans notre société.

Avant la mécanisation et l’industrialisation, les ânes étaient très présents dans nos campagnes. Ils aidaient les paysans au travail des champs en tractant socs et charrues, tiraient des charrettes attelées chargées des récoltes, portaient les fruits et légumes et autres victuailles sur leur dos à l’aide d’un bât de portage afin de ravitailler les marchés ou les villages de montagne. Bref, on ne pouvait pas se passer d’eux.

Aujourd’hui, ils peuvent retrouver cette place privilégiée en accompagnant les randonneurs en montagne, en remplaçant les tracteurs chez des maraîchers qui souhaitent revenir à un travail agricole sans tracteur et plus proche de la nature. Une école spécialisée (L’école nationale des ânes maraîchers) a même ouvert ses portes il y a quelques années à Villeneuve sur Lot. Ce centre de formation rencontre aujourd’hui un succès grandissant.

Ainsi, certains ânons nés sur la ferme (c’est le cas de ce cher Everest et du bel Erratzu) reçoivent une éducation polyvalente chez Pierre-Yves et Guillaume, pour ensuite se spécialiser à l’ENAM auprès de Pascal Sachot. À l’issue de leur formation, les jeunes agriculteurs ont la possibilité d’acheter l’âne avec lequel ils ont été formés. Et, si le courant est bien passé entre le stagiaire et son âne-formateur, ils peuvent continuer l’aventure ensemble. Le succès est tel que la demande d’ânes éduqués est en forte croissance.

Nous sommes fiers de participer à cette réhabilitation de l’âne de travail et avons été récompensés de nos actions en faveur de l’Âne des Pyrénées par le Prix de La Fondation du Patrimoine pour l’Agro-biodiversité Animale 2018.